2023-07-31 11:33
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Depuis 150 ans (1873), Alélor produit de la moutarde alsacienne à Mietesheim. On en trouve de toutes les gammes, toutes les versions et pour toutes les cuisines.
Ri. D - 31 juil. 2023 à 11:33 | mis à jour le 31 juil. 2023 à 19:26 - Temps de lecture : 3 min
Illustration : Fabien Metz et Jean-Pierre Seiler viennent de moissonner le dernier champ de moutarde sur les 17 ha de cette culture. Photo DNA
En 2023, 20 agriculteurs en Alsace sont partenaires d’Alélor (qui a fêté en juin ses 150 ans) et l’approvisionnent en graines de moutarde, ce qui représente environ 60 % des besoins de l’entreprise. La surface cultivée représente 141 hectares, répartis entre le Bas-Rhin et le Haut-Rhin. Les graines de moutarde blanche, brune et bio sont moissonnées puis envoyées au Comptoir agricole d’Hochfelden où elles sont séchées, nettoyées et triées, mises en sacs avant d’être envoyées dans l’usine de Mietesheim.
Fabien Metz cultive la moutarde pour Alélor. Photo archives DNA/JEAN CHRISTOPHE DORN
Une production qui permet de diversifier la rotation des cultures
Fabien Metz, de La Wantzenau, est un de ces agriculteurs. Il est non seulement président de la commission environnement et protection des ressources de la Chambre d’agriculture d’Alsace, vice-président de la FDSEA (syndicat du Bas-Rhin), mais surtout céréalier.
Sur les 120 ha de son exploitation, il cultive du maïs, du soja et du blé tendre d’hiver ainsi que du blé dur pour les pâtes d’Alsace Grand-Mère. Fabien est le seul Wantzenauvien à produire de la moutarde. Il consacre 17 ha à la moutarde blanche, et ce depuis 2009. Cette année, et à cause de la sécheresse, on constate une baisse d’environ 30 % de la production par rapport à une année « normale ». La moutarde a fleuri fin mai, il a fait chaud et sec en juin et les graines n’ont pas eu assez d’eau, ce qui fait que la récolte a eu lieu avec trois semaines d’avance. Il faut noter que l’agriculteur n’irrigue presque pas la moutarde.
Pour Fabien Metz, « il était important de choisir la production de moutarde, parce que cela permet de diversifier l’assolement (rotation des cultures) et de mieux répartir le travail. Ce qui est intéressant, c’est que je travaille en étroite collaboration avec la Chambre d’agriculture par l’intermédiaire d’un technicien qui me suit et me conseille sur les semences ou sur les attaques d’insectes, et qui vient voir la culture sur place ».
« La moutarde a un système racinaire qui aère très bien le sol, donc une fois que celle-ci est récoltée, la culture suivante dans ce même champ (blé ou maïs) aura besoin de très peu de produits phytosanitaires ou de fongicides. » Photo archives DNA/JEAN CHRISTOPHE DORN
« Une fois par hiver, poursuit-il, on fait le point avec tous les producteurs de cette même filière de moutarde, la coopérative agricole d’Hochfelden et Alélor pour le choix des variétés, les nouveautés, les prix. Il est essentiel pour tous de travailler ensemble. »
Conscient de l’impact environnemental, l’agriculteur précise : « La moutarde a un système racinaire qui aère très bien le sol, donc une fois que celle-ci est récoltée, la culture suivante dans ce même champ (blé ou maïs) aura besoin de très peu de produits phytosanitaires ou de fongicides, car il y a moins de maladies. On peut dire que la culture de la moutarde tient compte de la protection de l’environnement ; elle prépare quasiment le sol pour la culture suivante ».
Fabien Metz conclut : « C’est aussi une fierté de se dire que cette moutarde purement alsacienne vient en partie de La Wantzenau. »
La Wantzenau - Dix exploitants agricoles sur le ban communal
Fabien Metz, qui produit de la moutarde, n’est pas le seul céréalier de La Wantzenau. Ils sont actuellement moins de dix exploitants actifs sur la commune. François Vix représente la troisième génération d’agriculteurs après son grand-père Wendelin et son père Jean-Marc. Sur 230 ha, il fait pousser du blé, du maïs, du soja, du colza et en saison des asperges. Alain Michel, qui a pris la suite de ses parents Raymonde et Paul, produit du maïs, du blé ainsi que du tournesol, sur environ 170 ha. Denis Clauss, avec son épouse, récolte du maïs, du blé, du colza et du soja. Anne Clauss a repris l’exploitation de son père Gérard et produit des céréales diverses, des légumes et des fruits de saison qu’elle vend à la boutique de la ferme. Denis Kapps a suivi les traces de son père Léonard et Nicolas Clauss. Il vient de reprendre l’affaire de Joseph Clauss, mais exerce encore parallèlement un travail. Joseph Picard et Jean-Pierre Seiler sont retraités, mais continuent une petite activité de céréaliers, de même que Jean Grewis et Richard Diebold. Souvent, les agriculteurs se rendent service entre eux ou se prêtent leur matériel. Le ban communal de La Wantzenau étant assez important, des exploitants extérieurs louent également des parcelles appartenant à des Wantzenauviens.
Ri. D.