« Spécialiste des condiments depuis 1873, Alélor continue d’innover tout en recréant des filières d’approvisionnement locales. Pour cela, la dernière moutarderie alsacienne vient de se voir décerner le label PME +. Rachetée en 2006 par Ernest Trautmann, la moutarderie fondée en 1873 est aujourd’hui dirigée par son fils, Alain Trautmann, seul détenteur du capital de l’entreprise (20 salariés). »
Chaque année, ce sont environ 1000 tonnes de moutarde, 150 tonnes de raifort et 500 tonnes de produits d’épicerie salés qui sortent de son site de Mietesheim, au nord de Strasbourg. Elle compte trois marques : Alélor, sa marque phare pour la grande distribution, Domaine des Terres Rouges, distribuée en épicerie fine et en restauration et Pique Assiettes, lancée cette année à destination des magasins bio. Dans un marché de la moutarde « dominé par les marques internationales », Alain Trautmann mise plutôt « sur des moutardes naturelles, aromatisées ou avec des parfums nouveaux comme l’ail des ours ». Le lancement en avril d’une gamme de moutardes clean label, élaborées sans sulfites, additifs, colorants ni conservateurs et uniquement à partir de graines françaises s’inscrit dans cette stratégie. « L’idée est de convertir nos recettes vers cette gamme-là, explique le dirigeant, nous sommes attentifs aux additifs susceptibles d’être interdits et anticipons en les éliminant le plus tôt possible ». Alélor, contraction d’Alsace et Lorraine, tient aussi à marquer son ancrage local. Ainsi, tout son raifort est cultivé dans un rayon de 20 km autour de l’usine. Alélor arrive même à couvrir 75 % de ses besoins en graines de moutarde grâce à quinze cultivateurs français. Et pour la première année, elle a sourcé 10 % de ses cornichons en France, fruit de ses efforts pour « réintroduire la culture du cornichon en Alsace ». Mais cet approvisionnement local a un coût: en moyenne 25 % plus cher pour les graines de moutarde et environ le double du cours mondial pour le raifort. Montée de la vente directe Son chiffre d’affaires a progressé de 10 % en 2020, pour atteindre 4 millions d’euros et Alain Trautmann espère garder ce rythme de croissance en 2021. « Nous n’avons pas souffert l’an dernier, car nous travaillons peu avec la restauration et la légère baisse de cette activité a été largement compensée par la grande distribution, l’épicerie fine et la vente directe. » Car en plus d’un magasin d’usine, Alélor propose la vente en ligne pour chacune de ses marques. Une pratique « dans l’air du temps » pour son dirigeant. « Le Covid a été un accélérateur, nous avons doublé nos chiffres même si cela reste minoritaire. » À l’avenir, Alain Trautmann veut continuer à développer sa marque Domaine des Alain Trautmann mise « sur des moutardes naturelles, aromatisées ou avec des parfums nouveaux »
« Dans les grandes villes de France, à Biarritz, à Rennes, à Lille » mais aussi à Paris. Sa marque Alélor devra se consolider dans le Grand Est, « de Charleville-Mézières à Besançon », résume-t-il. Ce n’est qu’une fois cet objectif atteint qu’Alain Trautmann envisage de développer son activité à l’export. Déjà présente dans une vingtaine de pays, dont la Suisse, les États-Unis et l’Ukraine, Alélor n’y réalise que 3 à 4 % de son activité. La prochaine étape serait de se développer dans les pays limitrophes comme l’Allemagne, le Benelux et l’Autriche, « mais pas avant trois à cinq ans », précise Alain Trautmann. En attendant, la moutarderie investit chaque année pour renouveler son appareil productif et assurer « des cadences plus élevées »
Journaliste : Irina Lafitte
12 IAGRA ALIMENTATION v n° 2621 – Jeudi 7 octobre 2021

